5 Février : Arrivée à l’hôtel « Sérénity » : des fourmis, des boums boums et une bouilloire électrique inbuvable !

Nous arrivons donc poussiéreux à bon port à l’hôtel « Sérénity ». L’endroit nous paraît parfait pour un moment serein ! On a cassé la tirelire mais à priori, ça vaut le coup.
L’hôtel est situé dans un petit lagon « dégagé » ce qui le préserve du bruit provoqué par les bâteaux à moteurs (« longues queues ») ces fameux bâteaux très bruyants que nous avions déjà rencontrés et subis lors des deux jours passés à Prek Toal avec l’association Osmose.
Nous sommes accueillis sur l’embarcadère de l’hôtel avec une serviette et une boisson raffraîchissantes toutes les deux.
On nous amène à notre bungalow. On s’installe. C’est cosy. Ca ne donne pas directement sur le lac (on n’a pas pris le plus cher). Mais c’est tout à fait « gouleyant » !
Zut ! une longue ligne de fourmis derrière le lit. On prévient l’accueil (pas avec le téléphone, il ne fonctionne pas). Quelqu’un arrive avec un insecticide.
OK ! En attendant, on va se faire un petit thé et le déguster en regardant le paysage devant l’hôtel. Le thé a un goût affreux. Visiblement,la bouilloire est toute neuve et dégage une forte odeur de plastique ! On prend aussi conscience que depuis une demi-heure, on entend une musique très forte avec des boums boums insupportables ! Super Gé se précipite tout en promettant de garder son calme ! Finalement la musique s’arrête : un groupe répétait dans la grande salle du restaurant. La bouilloire, pas de solution, elles sont toutes dans le même état. De l’eau chaude si l’on veut. Pas très pratique, cet hôtel super classe !
Quand Gé revient à la chambre, il trouve une Dom catastrophée avec un balai en train de déblayer des… fourmis. Des fourmis ! il y en a maintenant partout. Les nouvelles sont roses et grosses, tombent du plafond, sortent du sol. L’inscticide a dû les déranger. Elles ont sans doute élu domicile sous le bungalow !
Là, c’en est trop ! pour la xième fois, on va à l’accueil.
Ils sont catastrophés et… nous proposent un autre bungalow avec vue sur le lac et deux fois plus grand. Circonspects, nous regardons bien partout : pas de fourmis ! Yes ! toujours la même bouilloire mais tant pis, on se passera de thé.
Le soir, nous mangeons au resto de l’hôtel (impossible d’aller manger ailleurs sauf prendre un bâteau). Délicieux. Mais c’est bizarre, on est seul dans la grande salle. Et ce sera comme ça pendant tout le séjour (3 nuits). On verra de loin deux autres couples et qu’une seule fois !
Shining, ça vous dit quelque chose ?
Le lendemain, on va prendre notre petit dej. Rien à dire. Toujours délicieux. Le personnel super prévenant. Mais toujours seuls !
On revient à la chambre, la porte est ouverte. Les dames de ménage ont fait le lit et tout bien rangé. Tiens, nos pantoufles ont changé de couleur ! Trop ! nos bagages et nos affaires ont disparus ! On a été rayé de la carte ! Shining, ça vous dit quelque chose !
Ah ! mais non ! on s’est trompé de chambre. Comme tous les bungalows se ressemblent….
Le séjour finalement s’est super bien passé. Nous avions tout le personnel pour nous tout seul. C’est bizarre. Mais après on s’habitue à être la reine d’Angleterre !
Deux jours après, le taxi de l’hôtel nous amenait à l’aéroport. A peine sortis de l’hôtel, on s’est retourné. Il n’ y avait rien ! rien qu’une rangée de roseaux sauvages… frémissants…
Non, on rigole : l’hôtel était toujours là ! et on n’avait pas rêvé ou cauchemardé… c’est selon.

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7 Février : Balade sur le Lac Inlé

 

La surface du lac Inle est une succession de jardins flottants. Ce sont des nappes composées à partir des racines de plantes du fond du lac que l’on maintient au moyen d’immenses piquets en bambou. Les habitants y cultivent fruits et légumes et vivent aussi de la pêche. Mais cet écosystème exceptionnel est menacé. Plutôt que de faire doublon avec les photos qui démontrent la magie exceptionnelle du lieu, on a préféré vous mettre ci-dessous un article de Courrier International de Juillet 2010 qui, malheureusement, relativisent ces belles images.

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ÉCOSYSTÈME : Les jours comptés du lac Inlé !

(http://www.courrierinternational.com/article/2010/07/15/les-jours-comptes-du-lac-inle)

 

Kay Lar, Myanmar. Le soir, quand le soleil disparaît peu à peu derrière les collines au sud de Mandalay et que l’eau clapote sur la coque des bateaux de pêche, il est tentant de s’imaginer que le reste du monde n’existe plus. En réalité, et plus pragmatiquement, c’est le célèbre lac Inle qui est en train de disparaître.

 

Connu pour ses pêcheurs qui glissent à la surface de ses eaux miroitantes sur leurs barques à fond plat tels des gondoliers vénitiens perdus de l’autre côté de la terre, le lac Inle est l’un des sites les plus magiques de l’Asie. Or sa surface diminue à une vitesse alarmante, phénomène que l’on attribue à l’augmentation de la densité démographique et à la croissance rapide des deux grandes activités économiques de la région, le tourisme et l’agriculture. Les jardins flottants, ces îles artificielles qui accueillent des cultures de tomates ou de fleurs, gagnent du terrain et couvrent aujourd’hui une grande partie des zones proches du rivage. Si photogéniques soient-ils, ils mettent à rude épreuve le fragile écosystème du lac. L’évolution des pratiques agricoles dans les montagnes environnantes aggrave les problèmes de cet environnement lacustre, estiment les chercheurs et les habitants, car l’exploitation forestière et la déforestation qu’elle entraîne, ainsi que l’agriculture sur brûlis, augmentent la quantité de sédiments s’écoulant dans les rivières qui alimentent le lac.

 

Le lac Inle a ainsi vu diminuer sa superficie d’environ un tiers, de 69 km² en 1935 à environ 47 km² en 2000, selon une étude publiée en 2007 par le Système de recherche intégrée pour la science du développement durable, une organisation japonaise qui rassemble plusieurs universités. Des hôteliers et d’autres habitants disent avoir constaté une accélération du phénomène ces dernières années et le problème a été aggravé cette année par une sécheresse sévère. Tout récemment, certaines régions traditionnellement ouvertes aux touristes se révélaient difficiles d’accès en raison du très bas niveau des eaux. Si la tendance se poursuit, estime Tin Aung Moe, un responsable de programme du Centre de ressources régional pour l’Asie et le Pacifique (du Programme des Nations unies pour l’environnement, PNUE), en Thaïlande, “le lac pourrait bien avoir disparu d’ici dix ou vingt ans”.

 

Les problèmes du lac Inle sont représentatifs de ce pays. Parsemé d’extraordinaires merveilles naturelles et recélant plus d’espaces verts et de vie sauvage préservée que bien d’autres sites en Asie, il pâtit par ailleurs du manque de capacités institutionnelles et de volonté politique en matière de protection environnementale. La politique environnementale est pour l’essentiel une prérogative de la Commission nationale aux affaires environnementales, qui, selon les spécialistes, a des pouvoirs limités et manque autant de personnel que de fonds. Et il est très rare de trouver des responsables publics disposés à travailler avec des organisations internationales plus expérimentées.

 

Des dizaines d’hébergements et d’hôtels autour du lac

 

Au fond d’une vallée paisible facile d’accès en avion depuis Rangoon, la région du lac Inle ressemble plus à la Suisse qu’à l’Asie, avec son climat frais et des collines se teintant de lueurs bleutées quand le jour baisse. Des oiseaux migrateurs ou sédentaires, notamment des canards sauvages, des cormorans et des hérons, voguent en file indienne sur les eaux peu profondes ou les survolent en formations. Et, bien qu’il reçoive des dizaines de milliers de visiteurs chaque année, le lac Inle reste encore assez vaste pour que dans ses zones les plus reculées on puisse avoir le sentiment d’être seul au monde.

 

Cependant, le lac connaît de rapides bouleversements à mesure qu’augmente sa population, qui compte aujourd’hui 144 000 habitants : la croissance démographique a dépassé 35 % entre 1983 et 2005. Cela s’explique notamment par la présence des jardins flottants, qui viennent s’ajouter à la pêche comme moyen de subsistance. Les villageois les construisent eux-mêmes, créant un tapis de plantes aquatiques (notamment de jacinthes d’eau) mêlé de limon en quantité assez réduite pour éviter que l’ensemble ne coule. Après avoir planté des poteaux en bambou pour empêcher leurs îles de dériver, ils y développent leurs cultures. Mais, espérant augmenter leur rendement, de nombreux paysans utilisent des engrais chimiques, qui finissent dans le lac.

 

“L’agriculture marche bien ici”, assure un cultivateur de tomates et horticulteur qui s’affaire le long d’un canal envahi par la végétation. Il a agrandi son exploitation ces dernières années, explique-t-il, mais aujourd’hui “il n’y a plus d’espace libre”, car les autres paysans en ont fait autant. A mesure que la superficie du lac s’amenuise, la population de poissons diminue, ce qui incite encore davantage de villageois à passer à l’agriculture. Inle connaît une autre évolution, l’essor du tourisme de masse. Avant que le Myanmar n’ouvre davantage le secteur aux investisseurs, dans les années 1990, le pays n’accueillait que quelques milliers de touristes par an ; ils sont aujourd’hui environ 300 000. On compte désormais plus d’une dizaine de grands hôtels autour du lac et sur ses eaux, et pas loin d’une trentaine d’hébergements dans une ville voisine, alors qu’il n’y en avait encore que deux dans la région au milieu des années 1990. Le développement de la zone “ne fait qu’augmenter la quantité de détritus à traiter, d’électricité à produire, d’eaux usées sans doute déversées dans le lac, dans une région du monde où les infrastructures sont souvent insuffisantes”, déplore Alan Ziegler, professeur associé à la National University de Singapour et coauteur de l’étude de l’organisation japonaise. Le développement autour du lac Inle “arrive probablement à un stade où il n’est plus durable”, souligne-t-il. Les hôteliers disent s’efforcer de limiter leur impact. Certains font des dons à des organisations locales œuvrant pour la protection de l’environnement, mais les organisations écologistes ont généralement une marge de manœuvre réduite dans ce pays tenu d’une main de fer.

 

Le gouvernement birman a d’autres priorités

 

Les autorités du Myanmar ont toutefois créé au lac Inle un sanctuaire pour les oiseaux des milieux humides et mis en place divers programmes et mesures qui, en théorie, encadrent l’expansion des jardins flottants. En face de la pagode de Phaung Daw Oo, une pancarte invite les habitants à “se débarrasser des herbes aquatiques et des jacinthes” et à “limiter l’expansion des habitations et des plantations”. Des objectifs qui “ne seront atteints que par la coopération” entre la population et l’armée, précise le message. Pourtant, tout autour du lac, les paysans continuent d’agrandir leurs jardins.

 

Nos tentatives de contact avec les autorités du pays, qui échangent rarement avec des journalistes étrangers, ont été vaines : aucun responsable de la Commission nationale aux affaires environnementales n’a donné suite à notre liste de questions.

 

La Forest Resource Environment Development and Conservation Association, l’une des principales associations écologistes du Myanmar, a entamé des discussions avec des responsables des forêts et un commandant de l’armée en vue d’accentuer les efforts de préservation du lac Inle, assure U Ohn, vice-président de l’association. U Ohn dit travailler sur un programme de restauration de l’environnement lacustre sur cinq ans, qui encouragera des pratiques agricoles et sylvicoles plus durables et s’attachera à sensibiliser la population aux problèmes du lac. “Il est tard, mais pas trop tard” pour enrayer le recul du lac, assure-t-il. Cependant, il estime à 1 million de dollars [790 000 euros] le coût de mise en œuvre du programme et juge peu probable que le gouvernement y apporte plus qu’une petite contribution.

 

Pour Kyi Thein Ko, secrétaire général de l’Association hôtelière du Myanmar et administrateur délégué du complexe hôtelier Shwe Inn Tha Floating Resort, il est parfaitement compréhensible que les autorités aient d’autres priorités, notamment faire face aux conséquences écologiques du cyclone Nargis, qui a fait plus de 130 000 victimes en 2008. Pourtant, le lac Inle a une valeur économique considérable et doit de ce fait être protégé, insistent les hôteliers. “Un jour il disparaîtra comme peau de chagrin et nous utiliserons des voitures à la place des hors-bord, anticipe Kyi Thein Ko. Mais quels touristes pourront bien aimer notre hôtel quand il ne donnera plus sur un rivage ?”